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1 décembre 2012 6 01 /12 /décembre /2012 16:30

 

 

La défaite d'Arnaud Montebourg

Le Point.fr - Publié le 01/12/2012 à 13:09 - Modifié le 01/12/2012 à 15:50

Dans l'affaire Mittal, Jean-Marc Ayrault a boudé la proposition du ministre du Redressement productif, la qualifiant de "peu crédible".

 

Dans l'affaire Mittal, le gouvernement s'est-il désolidarisé d'Arnaud Montebourg ? © Kenzo Tribouillard / AFP

 

 

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Tout était réuni pour faire des hauts-fourneaux de Florange l'emblème de la mission de redressement productif d'Arnaud Montebourg, mais le ministre, lâché et taclé par Matignon qui n'a pas retenu son plan de nationalisation, se retrouve isolé au sein du gouvernement. "S'il perd la bataille de Florange, il va être réduit au ministre qui va jeter quelques bouées de secours", estimait récemment un de ses proches, le député socialiste de l'Essonne Malek Boutih.

Car Florange concentrait l'essence du redressement productif, une industrie historique à la splendeur fanée (la sidérurgie et les hauts-fourneaux), un bassin d'emploi sinistré et une incarnation du capitalisme transnational, dont le ministre dénonce les méfaits : ArcelorMittal. Arnaud Montebourg a perdu. Florange ne sera pas nationalisé pour être revendu ensuite. ArcelorMittal a négocié avec Matignon le fait d'investir dans le site mosellan, de ne pas trop réduire l'emploi et de maintenir fonctionnels les hauts-fourneaux.

Le repreneur pas "crédible"

Indiscutablement ironique, un responsable gouvernemental lançait en ricanant : "C'est un immense triomphe pour Arnaud Montebourg." Quelques heures avant cet épilogue, Arnaud Montebourg disait encore que la nationalisation, idée à laquelle s'étaient ralliés de nombreux responsables politiques de tous bords, n'était "pas un faux espoir", mais une "solution qui est sérieuse, crédible, durable". L'action qu'il a menée depuis des semaines pour trouver un repreneur industriel auquel revendre Florange a été balayée sans trop de ménagement par Matignon.

Selon une source proche de la rue de Varenne, Jean-Marc Ayrault a estimé que le repreneur annoncé par Arnaud Montebourg n'était pas "crédible". Ce n'était "pas solide" et "pas bordé", insiste-t-on à Matignon. Le ministère du Redressement productif a annulé sa participation à l'émission Tous politiques dimanche en fin d'après-midi, organisée par France Inter, Le Monde et l'Agence France-Presse, a-t-on appris samedi auprès de la radio publique. Selon France Inter, le ministre a annulé en raison "d'un agenda chargé". Il sera remplacé par le président (PS) de l'Assemblée nationale Claude Bartolone. Arnaud Montebourg interviendra cependant lors du journal télévisé de 20 heures de TF1 samedi soir.

"Absurde de discréditer son ministre"

"Absurde de discréditer son ministre", a pesté sur le réseau social Twitter la sénatrice PS Marie-Noëlle Lienemann. "Montebourg désavoué par Ayrault", a réagi par le même biais l'ancienne ministre UMP Nadine Morano. Mais "le rôle de Montebourg, c'est de faire du bruit utile pour les négociations", analyse Eddy Fougier, chercheur associé au CNRS spécialiste de la gauche.

Une idée partagée par un membre du gouvernement pour qui "Montebourg voulait vraiment nationaliser. Mais pas les autres. On s'en est servi comme arme dans la négociation." Il n'empêche que, sur le fond, la situation de Montebourg, qui évolue sur l'aile gauche du Parti socialiste, devient plus inconfortable dans un gouvernement qui revendique une "révolution copernicienne" dans son rapport aux entreprises, et qui considère peut-être la nationalisation comme une vieille lune.

Nationalisation, outil dédiabolisé

"On n'est plus dans une époque où on nationalise la sidérurgie", déclarait la semaine dernière le ministre du Travail Michel Sapin. Nationaliser était "juridiquement hasardeux" et "économiquement instable", assure-t-on à Matignon, même si, à l'Élysée, on estime que "la leçon, c'est aussi que la nationalisation est un outil dédiabolisé". "Le gouvernement a fait le choix du pacte national pour la croissance, la compétitivité et l'emploi. Il s'agit d'une priorité nationale", a rappelé vendredi soir Jean-Marc Ayrault, en référence aux mesures de relance de la compétitivité adoptées jusqu'ici, notamment le crédit d'impôt sur le coût du travail octroyé aux entreprises, critiqué par la gauche de la gauche.

"Qu'il y ait des tensions [...], c'est évident", selon Eddy Fougier, pour qui "sur le fond", Arnaud Montebourg n'est pas compatible avec la révolution copernicienne du PS. "En même temps, il y a des déséquilibres internes [...] et Montebourg a un rôle pour que le parti ne penche pas trop à droite", selon lui. Le PS a largement critiqué Nicolas Sarkozy sur le dossier Gandrange, une aciérie d'ArcelorMittal que le président n'avait pas maintenue à flot en dépit de ses engagements. Pour Eddy Fougier, "le Florange de Montebourg peut être le Gandrange de Sarkozy".

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